IN THE FIELD  
Maintenance Magazine 141 – septembre 2018

L’importance croissante du calibrage exige une organisation appropriée

Le calibrage est crucial pour la qualité de vos produits et la sécurité de vos processus. Pourtant, il est souvent perçu comme un obstacle, une étape ennuyeuse qui ralentit le processus. Un bon calibrage peut néanmoins s’avérer bénéfique.

Le calibrage s’avère donc bien utile et cela se reflète de plus en plus souvent dans diverses normes et certifications. Attention : calibrer n’est pas étalonner. Lors du calibrage, la valeur de mesure est comparée à une valeur connue. L’écart défini permet à l’utilisateur de connaître le décalage auquel il faut tenir compte. L’étalonnage concerne des valeurs de mesure qui sont conformes à des valeurs exactes, imposées par les autorités.

Si le calibrage est souvent perçu comme un obstacle, plusieurs éléments positifs y sont néanmoins associés. Un résultat de mesure correct en est le premier effet. Les conséquences secondaires peuvent être très diverses : un meilleur réglage de votre installation, une meilleure qualité du produit, l’évitement de retours de produits et une sécurité accrue dans certaines applications. De plus, le calibrage périodique reflète souvent une tendance pouvant indiquer des problèmes imminents.

Le suivi, un travail titanesque

L’explosion d’un certain nombre d’instruments de mesure et de capteurs n’est qu’une partie du désagrément. Les normes et les certifications imposent de plus en plus une méthode de travail standardisée. Aujourd’hui, le calibrage se déroule selon un schéma spécifique, ainsi que la rédaction d’un rapport, une retranscription correcte des notifications et une sauvegarde, et un suivi régulier de la fréquence de calibrage. Un élément significatif est que la norme ISO 9001 dans la forme EN 17025 impose des exigences de qualité spécifiques aux organisations souhaitant réaliser des calibrages.

Témoignage

André Vermeiren (*) travaille depuis 1997 au service de maintenance d’une grande entreprise chimique: « Jadis, il n’y avait pas vraiment de stratégie de calibrage cohérente. Certes, des directives étaient émises par le siège. En fait, il fallait veiller à ce que tout soit légalement en règle. Dans la pratique, chaque département devait organiser le calibrage. Ce qui conduisait à des situations absurdes. Une entreprise externe passait par exemple le lundi pour calibrer cinq capteurs de niveau au département A, puis le mercredi pour calibrer les analyseurs de gaz du département B et la semaine d’après, quelques capteurs de surveillance du département C. Ce fut assez pénible de constater que mêmes les parties externes critiquaient cette situation absurde.»

« L’indépendance des (sous)départements a entraîné des difficultés dans d’autres domaines. La manière de conserver les calibrages et d’assurer le suivi n’était pas toujours similaire. Aujourd’hui, on travaille avec un logiciel spécifique pour conserver les calibrages, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Même Excel n’était pas encore introduit. La première étape vers une homogénéisation fut posée en 2005, lorsqu’une méthode de travail fut introduite par la direction, que tous les départements devaient suivre. A partir de là, on a commencé à travailler avec un fichier Excel uniforme que les départements devaient compléter. Ce fut la première étape vers l’uniformisation. »

« Mais ce n’était pas suffisant car la façon de compléter les données et d’assurer le suivi devait mieux être adaptée. Dans la pratique, la situation avait peu changé. Au contraire. Des fichiers Excel étaient utilisés mais certaines personnes, habituées à travailler plus simplement durant des années avaient du mal à s’intégrer. Dans de nombreux départements, le fichier Excel était considéré comme une charge de travail supplémentaire, uniquement destinée à l’administration du gouvernement. Elles continuaient donc à travailler avec leur propre système, de sorte que plusieurs départements utilisaient deux systèmes simultanément. Ce qui a ouvert la porte aux erreurs. Des données furent introduites erronément ou uniquement dans un des deux systèmes, alors que les calibrages doivent être conservés correctement et mentionner la date de mesure, les numéros d’identification des mesures, les écarts, etc. Et même quand tout était réalisé correctement, chaque personne avait sa manière bien à elle de notifier les données. »

« L’étape la plus importante fut posée lorsque la direction décida de supprimer tous les autres systèmes et de confier le fichier Excel et les compétences de décision à des parties externes du département de maintenance central. A partir de ce moment-là, il en fut fini des situations absurdes et des erreurs. »

« Mais les entreprises ne s’arrêtent jamais, et la nôtre non plus. Depuis que j’ai commencé à travailler ici, l’entreprise n’a cessé de se développer au fil des ans. Le site vieillit, et ces dernières années, on opte plus pour le revamping d’installations que leur remplacement. Ce qui donne plus de travail au département de maintenance qu’auparavant. A cela, il faut ajouter que le domaine de la sensorique s’est énormément développé ces dernières années. Prenons comme exemple les entraînements des pompes qui envoient l’eau de processus au traitement. Avant, il n’y avait pratiquement pas de capteurs. Aujourd’hui, il y a des systèmes de mesure vibratoires, des capteurs de température, des indicateurs de qualité de l’huile, etc. Dans le domaine des normes de sécurité et autres, une plus grande attention est accordée à l’étalonnage et au calibrage. Il y a quelques années, nous avons créé un service de calibrage. Au début, trois collaborateurs y travaillaient, aujourd’hui nous sommes dix. Chacun a sa spécialité mais tous peuvent reprendre le travail d’un collègue en cas de besoin. La répartition en spécialités n’a pas directement liée au processus de calibrage mais a pour but de mieux suivre les réglementations et normalisations spécifiques. La mesure d’un poids d’un ingrédient d’un processus diffère totalement d’une mesure vibratoire d’une pompe. Les profils sont très divers : il y a trois gradués en électronique, une personne diplômée en physique et deux ingénieurs industriels ainsi des personnes issues du département de maintenance. »

« Il est un fait que nous nous pouvons pas tout calibrer en interne. Pour certains processus chimiques, nous faisons appel à des spécialistes externes. On ne peut pas être certifié dans tout. Et avec certains instruments de mesure, le service de calibrage est inclus dans l’achat. » <<

(*) Nom d’emprunt.

Par Sammy Soetaert

Autodiagnostic et calibrage automatique

Tous les instruments de mesure ne sont pas aisément accessibles. Pensez à la mesure de la température dans des cuves de stockage ou à des mesures dans des environnements dangereux. Dans ces cas-là, le calibrage automatique peut représenter une solution. La difficulté réside dans la génération d’une référence correcte, ce qui n’est pas possible avec tous les instruments de mesure. Les capteurs de température sont un bel exemple d’instrument pouvant réaliser cela. Une composition céramique change brusquement de forme lorsqu’une certaine température est atteinte (la température de Curie). A cette température, les matériaux ferromagnétiques perdent leur champ magnétique permanent. Si le calibrage est correctement réalisé à ce moment-là, une température de référence est alors disponible et l’instrument se calibre automatiquement.