PRÉFACE  
Maintenance Magazine 169 – septembre 2025

Une bête coriace ...

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Le 17 juin 2025, un Airbus A330-300 du vol KL691 de la KLM à destination de Toronto a soudainement fait demi-tour au beau milieu de l'océan Atlantique. Le commandant de bord a dû informer les passagers stupéfaits que l'avion retournait à Amsterdam car il était sur le point de dépasser la date limite réglementaire de maintenance. Continuer le vol aurait signifié que l'avion n'était plus déclaré apte au vol.

Toujours cette fichue maintenance !

Inutile de vous dire que les passagers ont réagi avec irritation. Faire demi-tour avec un avion qui semble fonctionner parfaitement, puis, après des heures d'attente, reprendre le même vol avec un autre appareil ? Peu réjouissant. Encore cette fichue maintenance! Mais combien de passagers ont fait la réflexion à ce moment-là que la compagnie aérienne avait au moins le mérite de respecter scrupuleusement les consignes de maintenance? Car en aviation, la moindre négligence en matière de maintenance peut s’avérer fatale.

Bien plus qu'une affaire technique

Les lecteurs les plus attentifs ont sans doute déjà pensé que l'avion aurait tout aussi bien pu continuer son vol jusqu'à Toronto. Le vol était déjà à mi-parcours. En raison du retard accumulé, chaque passager a dû recevoir une indemnisation de 261 euros, à laquelle s'ajoutaient les heures de vol perdues et les frais de carburant supplémentaires. Je suppose toutefois que réaliser une intervention d’entretien urgente et non planifiée au Canada aurait entraîné des coûts beaucoup plus élevés et une indisponibilité plus longue de l'appareil. KLM a donc choisi de ramener l'avion à sa base. Comme l'a dit James Carville : « C'est l'économie, idiot. » C’est tout aussi vrai dans le domaine de la maintenance.

Petite omission, grandes conséquences

Avec plus de 5000 employés, KLM Engineering & Maintenance est l'une des plus grandes organisations de maintenance aéronautique en Europe. L'entreprise utilise déjà l'intelligence artificielle pour optimiser la planification de la maintenance. Pourtant, cela a mal tourné dans ce cas précis. En raison de problèmes techniques, l'avion initialement prévu a dû rester au sol. Dans la précipitation, on a décidé d’affecter un appareil qui sortait d’une maintenance planifiée. Celui-ci s'est avéré moins ‘disponible’ qu’espéré. Lors de la maintenance préalable, une tâche de maintenance avait été reportée jusqu'à l'intervalle maximal autorisé. Cette information n'avait probablement pas été correctement transmise aux responsables du service d’exploitation. Conséquence : un douloureux demi-tour au-dessus de l’Atlantique. Cet incident montre une fois de plus qu’une planification rigoureuse et une communication irréprochable avec les opérations sont d’une importance cruciale. Oui, oui, la maintenance est une bête coriace !

Wim Vancauwenberghe, Évangéliste de la maintenance et directeur de BEMAS