POMPES  
Maintenance Magazine 168 – mai 2024

Des adaptations mécaniques aux pompes pour allonger leur durée de vie

Pas de pompe, pas de processus : cela se confirme dans pratiquement chaque branche de l’industrie. Les pompes sont souvent les composants qui demandent le plus d’entretien. Outre la consommation d’énergie d’une installation de pompage, les entreprises dépensent énormément d’argent aux révisions et aux réparations, sans parler du coût d’un arrêt (non planifié). Il y a donc potentiellement beaucoup à gagner en procédant à des adaptations et des modifications qui allongent leur durée de vie.

Une longue durée de vie commence par une sélection appropriée de la pompe et un usage correct. Une évidence. Le type de pompe, la courbe de la pompe et la régulation doivent être adaptés à l’application et, pour limiter les dommages dus à l’erreur humaine, les utilisateurs et les opérateurs doivent être correctement informés sur la plage de travail, les protocoles de démarrage, etc. Mis à part cela, il est parfois possible d’allonger le MBTR – Mean Time Between Repairs – des pompes. « Lors d’une maintenance ou d’une révision, les pièces défectueuses sont souvent remplacées une sur une », explique Sven Van Lierop de l’entreprise de révision Remotive. « Cependant, il peut être utile d’examiner les choses de plus près à ce moment-là. Selon le dommage et la fréquence, certaines modifications peuvent faire une différence significative. »

Prévenir l’usure

L’usure des pièces est un phénomène typique et inévitable, et la rapidité avec laquelle elle se produit et entraîne des problèmes varie considérablement. Cependant, les adaptations permettant de limiter la fréquence de l’usure ne doivent pas nécessairement être complexes. « Sur une pompe à vis excentrée, adapter la lubrification de l’articulation peut par exemple suffire », poursuit Sven Van Lierop. « Dans d’autres cas, on peut remplacer certaines pièces par une alternative dans un matériau plus souple ou autolubrifiant pour éviter une usure trop rapide des matériaux. »

Au niveau du joint et de la bague d’étanchéité, il peut être intéressant de revoir la dureté du matériau et de l’augmenter avec un coating supplémentaire. Cela permet de réduire l’usure et donc les fuites. Une autre option consiste à choisir un joint labyrinthe sans contact.

Coating adapté

Un autre ajustement simple consiste à sélectionner un coating alternatif plus adapté au processus ou au fluide à pomper. Une roue qu’il faut remplacer chaque année parce que le revêtement est endommagé par un fluide abrasif pourrait durer cinq ans de plus – voire plus – avec un revêtement alternatif. « C’est une intervention minime qui, en termes de MTBR et de coût de maintenance, fait une différence significative », explique Sven Van Lierop.

Autre configuration des roulements

Les roulements peuvent faillir pour plusieurs raisons. C’est inévitable à terme, mais lors d’une défaillance prématurée, il est bon de rechercher la cause sous-jacente et la meilleure solution possible. Des forces croissantes dans le sens axial ou radial, un autre usage de la pompe, une lubrification incorrecte ou une configuration sous-optimale des roulements peut conduire à une défaillance plus rapide des roulements. « En général, l’impact n’est pas immédiatement perceptible dans le processus de production, bien que les mesures vibratoires ou les traces métalliques dans les analyses d’huile permettent de déduire des signes de dommages aux roulements. On ne connaît précisément le jeu et la cause que lorsque tout est démonté et mesuré. »

Si le problème ne vient pas de la lubrification, il est intéressant d’envisager d’autres alternatives, estime Sven Van Lierop. Le choix d’un autre roulement ou configuration de roulements peut permettre d’allonger la durée de vie.

Garnitures mécaniques

D’après Sven Van Lierop, les garnitures mécaniques sont l’un des points faibles les plus courants des installations de pompage industrielles mais aussi l’une des modifications les plus satisfaisantes. La défaillance de la garniture mécanique entraîne une infiltration du fluide, et des risques pour l’environnement et la santé du personnel. « Dans bien des cas, un problème d’étanchéité mécanique est la principale raison pour laquelle une intervention est nécessaire et implique la révision ou la réparation de la pompe. Cependant, les types de dommages sont différents : parfois, une décoloration se produit, dans d’autres cas, les surfaces d’étanchéité sont rompues, les joints toriques sont déplacés ou rongés, … »

La variété des types de dommages est notamment due à la diversité des possibilités lors de la réalisation d’une étanchéité mécanique. « Les garnitures mécaniques peuvent être à simple ou double effet, fonctionner avec ou sans fluide barrière, à pression atmosphérique ou l’ajout d’azote, avec ou sans cyclone, etc. Tous ces éléments sont décrits dans un plan API standard, mais il n’est pas nécessairement vrai que le plan API standard du fabricant de pompe soit la meilleure solution pour l’application du client. »

En d’autres termes, si des problèmes surviennent régulièrement avec les garnitures mécaniques, il peut être pertinent de revoir le plan API existant et, selon le type de dommage, de procéder à un ajustement des principaux paramètres de fonctionnement, et par exemple des pompes similaires d’autres fabricants. « Il y a quelques années, nous avons converti les chambres de garnitures d’une grande pompe à double vis et implémenté quatre nouvelles garnitures mécaniques avec un plan API adapté. Alors qu’auparavant, la pompe était révisée tous les trois mois, il a désormais fallu attendre 36 mois avant qu’une fuite ne se produise, et c’était dû à un manque de contrôle », indique Sven Van Lierop quant à l’impact potentiel d’une telle modification.

Par Elise Noyez– Photos Rmotive

Modifications aux pompes ATEX

Certaines modifications sont plus complexes que d’autres, mais lorsqu’il s’agit d’un pompe ATEX, un certain nombre de complexités techniques et administratives s’ajoutent. Dans de tels cas, les modifications ne peuvent être simplement mises en œuvre une sur une. Il faut notamment tenir compte du choix des matériaux et il y a une obligation de déclaration. Seuls les établissements certifiés ATEX sont habilités à le faire.