HUMAN RESOURCES
Maintenance Magazine 158 – novembre 2022
“Pas de talents digitaux dans l’atelier? Pas d’industrie 4.0”

Wim Vancauwenberghe: “Les ingénieurs peuvent rendre les machines plus intelligentes mais s’il n’y a pas de personnel pour les piloter, la transition vers Industrie 4.0 sera impossible. » (Photo BEMAS)

Pour pouvoir suivre Industrie 4.0, une entreprise a besoin de collaborateurs ayant les bonnes connaissances et expertise.
PreviousNextSi les entreprises de production belges veulent rester compétitives à l’échelle mondiale, elles doivent alors travailler de manière plus intelligente. La quatrième révolution industrielle oblige les entreprises à mettre leur parc machines à niveau, voire à le renouveler. Cela demande de nombreuses ressources mais surtout les bonnes connaissances auprès des opérateurs qui pilotent et entretiennent les machines. C’est là que le bât blesse. Via leur projet ‘Digitalent 4 Industry’, Flanders Make, la BEMAS et la KU Leuven Campus Brugge guident les entreprises dans leur transition vers Industrie 4.0, qui peuvent compter sur le soutien d’ESF Vlaanderen.
Par Elke Lamens
Si les grandes entreprises disposent de ressources en recherche et développement pour devenir une entreprise intelligente, les plus petites entreprises ont difficile à rester dans la course. « Aujourd’hui, la grande pierre d’achoppement est le manque de compétences digitales dans l’atelier. Cela freine les entreprises dans la digitalisation de leurs processus de production », déclare le directeur de BEMAS, Wim Vancauwenberghe. La transformation digitale vers Industrie 4.0 conduit à de nouveaux développements digitaux pour les machines, les lignes de production et les installations. Grâce notamment aux capteurs avancés et à l’intelligence artificielle, les actifs sont optimisés pour la maintenance, l’efficacité énergétique, la durée de vie et la productivité. « Cependant, la digitalisation nécessite l’affinement des compétences ou l’acquisition de nouvelles. Pour pouvoir suivre Industrie 4.0, une entreprise a besoin de collaborateurs ayant les bonnes connaissances et expertise. Il y en a peu aujourd’hui. Pas seulement chez nous car le phénomène est mondial. »
Trois partenaires
La nature exacte des compétences actuelles et futures fait l’objet d’une recherche conjointe de la BEMAS, de Flanders Make et de la KU Leuven campus Brugge. ESF Vlaanderen avance les subsides. Le promoteur Flanders Make recherchait des partenaires pour le projet. En 2019, Flanders Make et KU Leuven campus Brugge s’étaient rencontré au laboratoire d’essai Machine Upgrading 4.0 de Vlaio. « Le M-Groep de la KU Leuven a étudié comment rendre un parc machines existant plus intelligent », fait savoir le project manager Jasper Gay de Flanders Make. « Dans ce laboratoire d’essai, on montre aux entreprises comment mettre à niveau leurs systèmes industriels selon Industrie 4.0 sans trop de surcoûts. Nombre d’entreprises de production utilisent encore des machines ou des installations industrielles âgées de plusieurs dizaines d’années. Bien qu’elles ne soient pas en fin de vie (mécanique), elles n’offrent cependant pas les fonctionnalités et l’efficacité énergétique souhaitées au sein du paradigme Industrie 4.0. Elles sont souvent peu équipées de capteurs et n’ont pas la puissance de calcul requise, la communication avec le réseau et une bonne interface homme-machine. » En tant qu’association professionnelle des entreprises de maintenance, la BEMAS a accumulé des années d’expérience dans la description des compétences. « Avec Vlaio, nous avions déjà recherché des formations pour identifier les postes-clés techniques et les remplir. Cela fait de la BEMAS un partenaire intéressant dans ce projet », poursuit Vancauwenberghe.
Trois phases
Fin 2021, les trois partenaires ont rassemblé leurs expertises dans Digitalent 4 Industry. « Au cours de la première période, nous nous sommes penchés sur le contenu du projet. Ensuite, la recherche d’entreprises pilotes a commencé et a permis de constater le fameux écart dans les compétences digitales. Nous avons élaboré un questionnaire qui permet aux entreprises de vérifier leurs compétences en interne et comment elles les répertorient », explique Gay. Finalement, une première liste de compétences devrait être disponible d’ici la fin de l’année. « Le projet comprend trois phases. La première phase de cocréation avec les entreprises est officiellement lancée. Lors de la phase suivante, le trajet d’accompagnement sera déployé de manière limitée aux entreprises pour, lors de la troisième phase finale au second semestre de 2023, le déployer plus largement et le valider. »
Gestion des compétences
L’objectif est de finaliser Digitalent 4 Industry d’ici la fin octobre 2023. Le projet cible les entreprises de production et les constructeurs de machines. « Les prestataires de services qui proposent notamment de la maintenance aux entreprises sont aussi dans le champ de ce projet pour identifier les compétences digitales », précise le directeur de la BEMAS. « Bien entendu, cela se fera toujours en phase avec les ambitions digitales de l’entreprise en question. Nous nous focalisons sur les fonctions-clés techniques comme les ingénieurs, les managers et les techniciens de l’atelier. Car encore une fois, les ingénieurs peuvent rendre les machines plus intelligentes mais s’il n’y a pas de personnel pour les piloter, le passage à Industrie 4.0 sera impossible. La gestion des compétences fait partie intégrante de cela. La digitalisation évolue en continu mais elle doit rester applicable au sein de l’entreprise. Certes, il faut tracer une limite quelque part, jusqu’où on veut aller. On ne peut pas décrire une nouvelle compétence pour chaque nouvel algorithme. Nous avons déjà une bonne perspective de la manière dont la quatrième révolution industrielle se développe et nous sommes capables de décrire les compétences qui durent un certain temps. C’est une sorte de mise en relation : peser les compétences disponibles au sein de l’entreprise par rapport aux compétences qu’elle a besoin. »
On recherche: des entreprises
Au final, les nouvelles connaissances doivent être appliquées dans la pratique et contribuer à une valeur ajoutée économique et éventuellement sociétale plus large en Flandre. « Bien qu’il s’agisse d’un projet de recherche, l’objectif est que les entreprises s’en emparent et se mettent au travail. Dans ce cadre, nous recherchons encore des entreprises qui veulent rejoindre le projet. Nous les guidons avec les bons outils afin qu’elles puissent répertorier leurs compétences et les comparer avec les compétences qu’elles ont besoin pour réaliser la transition digitale. Une fois les compétences identifiées, le but est de les coupler à des formations », fait savoir Gay en lançant l’appel.