SURVEILLANCE D'ÉTAT
Maintenance Magazine 158 – novembre 2022
Optimisation des coûts en maintenance conditionnelle

La plupart des installations d’Atlas Copco sur le terrain sont actuellement maintenues préventivement annuellement ou semestriellement. Cependant, l’entreprise veut s’orienter vers la surveillance conditionnelle. (Photo Atlas Copco)

La maintenance subordonnée à l’état offre plus d’avantages pour les composants à l’usure lente. Précisément parce que d’autres options se présenteront pour une maintenance opportuniste. (Photo Atlas Copco)
PreviousNextPasser de la maintenance préventive à celle prévisionnelle signifie être capable d’avancer significativement en termes d’utilisation efficace du temps, des personnes et des ressources. Mais la transition vers de tels systèmes n’est pas toujours aussi évidente. Atlas Copco et Core Lab VCCM ont testé jusqu’à quel point ces principes pouvaient être intégrés de manière rentable pour entretenir les installations d’air comprimé chez les clients. Ils ont présenté plus tôt cette année les faits les plus marquants au cours de l’événement Heurisko organisé par Flanders Make.
Par Valérie Couplez
La plupart des installations d’Atlas Copco sur site sont actuellement entretenues annuellement ou semestriellement. Vu qu’elles sont de plus en plus équipées de capteurs et d’options de communication, des opportunités se présentent pour télésurveiller les données captées. Ce qui se présente alors comme le moment idéal pour la maintenance peut être parfaitement calculé au moyen d’analyse de données et, à long terme, d’intelligence artificielle. Des solutions qui deviennent plus abordables à mesure qu’elles sont plus largement utilisées. Les machines intelligentes nécessitent tout simplement une maintenance intelligente pour être plus performantes ; à la fois en termes de coût total de possession (CTP/TCO) et de durabilité. Moins de kilomètres, moins de matériels, donc moins d’impact environnemental. Atlas Copco vise à pratiquement réduire de moitié ses émissions de CO2 d’ici 2030 par rapport à l’année de référence 2019.
Surveillance conditionnelle : ce n’est pas si évident
Cependant, pour les processus de maintenance actuels, cette ambition est une utopie. Évoluer ensuite vers la maintenance subordonnée à l’état ? Il s’avère que ce n’est pas aussi simple. Atlas Copco a des clients dans tout le pays. Traiter séparément chaque composant du compresseur prend trop de temps et de frais de déplacement. Deuxièmement, les calendriers de maintenance actuels planifient des intervalles de temps fixes et des pièces de rechange prédéfinies ; cela a un impact sur la planification, le financement et la composition des kits de pièces. Troisièmement, les connaissances sont également limitées. La défaillance ne peut pas être parfaitement prédite pour chacun des composants séparément. En outre, les bons techniciens sont une denrée rare. Le temps de ces derniers doit donc être planifié le plus efficacement possible. La maintenance préventive peut être facilement organisée en fonction de ces critères. En fait, tout le modèle de maintenance s’y réfère. Mais comment l’organisation du service peut-elle évoluer vers la maintenance prévisionnelle de manière rentable ? Comment cela est capable d’être intégré chez certains clients et que rien n’évolue chez d’autres ? Combien cela coûte-t-il ? Et quel impact cela a-t-il sur le stock de pièces détachées ?
Politique hybride à deux seuils
Atlas Copco s’est tourné vers Core Lab VCCM. en présentant la problématique. L’acronyme VCCM signifie Value, Cost and Circularity in Manufacturing. Core Lab combine l’expertise des départements Business & Economics et Engineering Sciences & Technology de la KU Leuven, de l’université d’Anvers et de celle de Hasselt. Ils ont proposé une politique hybride qui continue d’une part d’être basée sur la maintenance périodique et d’autre part sur la télésurveillance de la dégradation d’un certain nombre de composants sélectionnés. Les questions auxquelles il faut encore répondre : quelle est la meilleure maintenance à considérer pour les composants monitorés ? Et comment minimiser le coût de maintenance attendu ? Deux seuils ont été établis pour déterminer l’optimum. D’abord, le seuil d’intervention. C’est le point où la dégradation va s’accélérer. Le composant défaillira bientôt ; il est donc important d’avoir rapidement une équipe de maintenance sur place. Le seuil d’intervention est un compromis entre le coût de la défaillance et la réduction de la durée de vie. Le deuxième seuil est nommé opportuniste. Une fois qu’on est dans cette phase, il est intéressant d’inclure le composant dans le cadre d’une maintenance corrective ou préventive déjà planifiée pour d’autres composants ou en maintenance corrective dans le cas de défaillance d’un autre composant. De cette manière, les coûts de mise en place peuvent être considérablement réduits. Le seuil opportuniste est un compromis entre la réduction des coûts de déplacement et une longévité réduite.
Différence entre les seuils d’intérêt
Ce ne sont pas seulement les valeurs de seuil qui comptent, mais aussi la différence entre les deux. Plus le seuil opportuniste est bas, plus il y aura d’opportunités d’intégrer la maintenance simultanément avec une autre intervention. De ce fait, le seuil d’intervention peut également être repoussé plus loin. Mais comment donner la bonne interprétation à chaque composant ? Pour chaque seuil, Core Lab VCCM a calculé la probabilité de maintenance opportuniste, de maintenance à planifier spécialement et de panne. Le temps moyen de maintenance a également été pris en considération.
Quand considérer l’un ou l’autre ?
Qu’en est-il résulté de tous ces calculs ? Plus les coûts associés à la défaillance d’un composant sont importants, plus il est opportun de considérer la maintenance subordonnée à l’état. Une deuxième conclusion était que travailler avec ce double seuil permettait à Atlas Copco d’optimiser plus facilement les frais de déplacement. Lorsque ces derniers sont élevés, la maintenance subordonnée à l’état permet de réduire le nombre d’interventions. Troisièmement, elle offre plus d’avantages en ce qui concerne les composants à l’usure plus lente. Précisément parce que d’autres options se présenteront pour une maintenance opportuniste. Un quatrième scénario de maintenance subordonnée à l’état est lorsqu’il y a un plus grand nombre de variations dans le moment de la défaillance. En effet, la maintenance préventive sera alors moins rentable, car un intervalle optimal est difficile à déterminer.
Conclusion
L’intérêt économique de la surveillance conditionnelle dépend dans une large mesure du type de composant. La meilleure correspondance était au niveau des consommables auxiliaires. Ceux-ci sont relativement bon marché, impliquent des frais de déplacement élevés par rapport à leur propre valeur et peuvent causer beaucoup de dégâts en cas de défaillance. Les articles durables sont également intéressants à considérer en raison de leur grande longévité. Surtout en ce qui concerne les composants coûteux et critiques de l’installation. Aucune défaillance n’est permise dans ce cas. Un troisième groupe était constitué des consommables tels que les filtres, qui entraînaient également des frais de déplacement relativement élevés par rapport à leur propre valeur. Ces conclusions sont le point de départ pour Atlas Copco. Ils veulent utiliser cette méthode pour déterminer l’approche correcte (préventive ou surveillance conditionnelle) pour chaque composant. En outre, ils souhaitent opérer de la manière la plus opportuniste possible et adapter leur modèle commercial de contrats de maintenance purs à un contrat tout compris incluant une garantie de disponibilité.