IN THE FIELD  
Maintenance Magazine 150 – novembre 2020

Des chaussures de sécurité adaptées pour prévenir les accidents

Dans le passé, les chaussures de sécurité avaient parfois une image négative: elles étaient lourdes, peu esthétiques et inconfortables. Anno 2020, cette image est heureusement dépassée car la diversité des modèles est énorme. La chaussure de sécurité par excellence n’existe plus car il y a désormais un modèle adapté à chaque risque. Par ailleurs, les nouveaux matériaux offrent un plus grand confort et allongent la durée de vie. Voici le premier article d’une série de trois consacré aux équipements de protection d’un professionnel de la maintenance.

Les chaussures de sécurité étaient jadis principalement dédiées au secteur de la construction et à l’industrie, les fabricants étant focalisés sur la prévention des blessures par écrasement. Dans le domaine de la maintenance, les pieds sont confrontés à d’autres risques. Voici un aperçu.

Electrisation

Le risque d’électrisation est encore souvent sous-estimé. L’incidence est heureusement faible suite à la règlementation stricte envers les armoires et les machines électriques, mais si un accident venait à se produire, les conséquences pourraient être graves suite aux courants élevés dans les installations et les machines. Des chaussures de sécurité isolantes peuvent faire la différence. La non-conductivité de matériaux, comme le caoutchouc ou le PU, offre une grande résistance. Cette protection peut être attribuée à l’une des lois les plus connues en électricité – l’effet Joule – qui stipule que la puissance fournie dans un corps dépend, entre autres, de l’intensité du courant et de la durée de l’exposition. Travailler avec des chaussures de sécurité isolantes augmente la résistance, limite l’intensité du courant et donc la puissance fournie.

Electricité statique

Il ne faut pas confondre les chaussures de sécurité isolantes avec les chaussures antistatiques et ESD dont l’électricité statique est l’ennemi commun. Les chaussures antistatiques empêchent l’accumulation de l’électricité statique dans le corps du travailleur et évitent toute décharge soudaine pouvant causer des dommages. Les chaussures ESD (Electro Static Discharge) protègent les appareils et les composants contre l’électricité statique, et doivent être utilisées dans des environnements spécifiques. On peut citer deux exemples : les environnements à risque d’explosion et les usines de production de circuits intégrés. Elles sont réparties dans trois catégories, et selon les conditions climatiques (humidité, température), on parle de ESD 1, 2 et 3, ESD 1 étant la classe la plus stricte.

Antidérapant

Les chutes et les glissades sont une cause fréquente d’accidents. Elles peuvent être évitées en portant des chaussures de sécurité équipées d’une semelle antidérapante. Les fabricants suivent la norme EN20345 qui classifie les performances antidérapantes dans trois catégories selon les essais réalisés: SRA pour un sol en céramique, SRB pour un sol en acier et la norme SRC qui rassemble les deux premières normes. L’entretien des chaussures est bien entendu important car la semelle antidérapante s’use au fil du temps.

Semelle renforcée anti-perforation

La perforation des chaussures avec des objets pointus se produit quelquefois sur des sites industriels dans le secteur métallurgique. Jadis, on insérait une couche d’acier dans la semelle, mais il existe actuellement des versions en Kevlar ou un matériau similaire, ces matériaux n’étant toutefois pas interchangeables. Si les principaux avantages du Kevlar sont une flexibilité et un faible poids, le risque de perforation sur certains sites est parfois élevé et il est préférable d’opter pour l’acier. Aujourd’hui, la coque de protection en acier est parfois remplacée par une version en composite. Elle est plus légère, fait moins passer le froid, et les différences au niveau de la protection sont minimes.

Risques chimiques et environnement humide

Se protéger les pieds contre les influences chimiques est quelque peu liée à l’imperméabilité des chaussures. Acides, matières organiques, produits chimiques et autres sont partiellement retenus par une membrane hydrofuge avec des canaux d’air et une mousse poreuse. Pour que la transpiration et l’humidité puissent s’évacuer de la chaussure, la membrane est équipée de spores minuscules qui assurent la respiration. Les travailleurs qui recherchent une plus grande protection peuvent opter pour des chaussures 100% imperméables, mais ils perdront en aération.

Classifications selon EN ISO 20345

Toute personne souhaitant rapidement savoir quel type de chaussures de sécurité porter au travail peut consulter les nombreuses normes de sécurité sur les chaussures. Nous insistons sur le terme ‘nombreuses’ car diverses caractéristiques sont abordées. La norme EN ISO 20345 ne concerne que les chaussures de sécurité avec une coque de protection.

  • Les chaussures de sécurité SB sont la version de base et possèdent une coque de protection et une semelle antidérapante.
  • Les chaussures de sécurité S1 possèdent, outre une coque de protection, des capacités d’absorption d’énergie dans la zone du talon. Les chaussures de sécurité conformes à la classification S1 sont adaptées à un travail dans un environnement sec.
  • Les chaussures de sécurité S1P possèdent, à l’instar des chaussures de sécurité S1, une coque de protection, mais aussi une semelle anti-perforation pour les objets pointus.
  • Les chaussures de sécurité S2 offrent, en plus des caractéristiques des chaussures de sécurité S1, une résistance élevée dans un environnement humide. Elles sont adaptées à un usage dans des conditions humides ou dans des endroits humides, comme à l’extérieur.
  • Les chaussures de sécurité S3 combinent les normes S1P et S2 et sont résistantes à l’eau, ont une coque de protection et une semelle antidérapante et offrent une protection à pratiquement tous les risques.
  • Les normes S4 et S5 concernent les bottes de travail et les bottes de sécurité

Par Sammy Soetaert