HUMAN RESOURCES  
Maintenance Magazine 149 – septembre 2020

Apprendre plus vite et plus sûrement dans un environnement virtuel

Apprendre dans un environnement sûr, à savoir : dans un environnement virtuel. De plus en plus d’entreprises y voient des avantages. Le secteur aéronautique l’utilise déjà mondialement. Dans d’autres secteurs, comme chez Actemium, (VINCI Energies) la méthode surpasse déjà les formations en opérationnel.

Les constructeurs aéronautiques expérimentent déjà depuis longtemps en RV aux niveaux conception, maintenance et formation. Boeing, par exemple, affirme que le temps de formation individuelle se réduit ainsi de près de 75 %. « En raison des résultats extrêmement positifs, l’équipe de recherche aéronautique de la Haute école VIVES était convaincue qu’un outil de formation aussi innovant ne devait pas manquer dans le module de travail Innovation du projet Interreg “Educavia” pour les techniciens aéronautiques. De cette manière, tant le secteur que les bacheliers en aéronautique peuvent se familiariser avec les avantages de la RV comme outil de formation », explique la chercheuse scientifique Joke Van Vooren (39) de VIVES. « Les coûts au sein d’une compagnie aérienne sont énormes et la concurrence féroce. Cela se reflète également dans la maintenance. Le secteur Maintien en conditions opérationnelles (MRO) est donc constamment à la recherche d’un équilibre pour maîtriser les coûts de formation des techniciens aéronautiques tout en conservant une qualité supérieure. Chaque seconde où un avion est au sol sans passager coûte un pont à une entreprise. La maintenance et la formation des avions doivent donc être plus rapides et plus rentables. Diverses études ont montré que cela pouvait être réalisé grâce à la réalité virtuelle. »

Gain de temps et d’argent

Le module de formation de RV est le résultat d’une année de collaboration entre des chercheurs de VIVES en aéronautique, des bacheliers VIVES et des étudiants Erasmus en aéronautique, des experts externes en RV et des utilisateurs finaux potentiels du secteur MRO. Le développement lui-même a été achevé en moins de six mois. « L’étudiant est plongé dans la simulation à l’aide d’un casque d’écoute et de détecteurs de mouvement. Il s’agit du remplacement complet d’une Display Unit, fidèle reproduction d’un cockpit d’A320 à l’aéroport de Zaventem. Cela se fait étape par étape sur la base d’instructions auditives et de repères visuels. Outre la série d’actions à effectuer, une attention est notamment portée à la compréhension des manuels, aux tests et à l’administration en fin de parcours. Des techniciens aéronautiques expérimentés de Brussels Airlines l’estime un outil de formation idéal. Tous les sens sont stimulés. Ce n’est que lorsque la réalité se profile que le cerveau accepte l’environnement virtuel artificiel », explique Koen Denys (49 ans), coordinateur du centre d’expertise Smart Technologies de VIVES. « L’application est accessible à partir de n’importe quel endroit en raison de la combinaison du “learning by doing” et de l’intégration d’une fonctionnalité “webbased remote participation”. De cette manière, la perte de temps et les coûts associés à une formation de plusieurs jours dans des centres de formation officiels à l’étranger peuvent être réduits. » Van Vooren ajoute : « Quand on sait que le prix d’un nouvel instrument de cockpit du module de formation RV est supérieur à 100 000 dollars, l’on évite autant que possible de s’entraîner avec de tels composants. Comparé, l’investissement dans la RV ne représente que des cacahuètes. »

La sécurité au top

Mais la RV ne se limite pas au secteur aéronautique. Chez Actemium, une marque de VINCI Energies et partenaire multi-techniques industriel, la formation sécurité est dispensée à l’aide de la RV. Dirk Wuyts, Operations Support Manager, a écrit les scénarios tout seul avec un collègue néerlandais. Huit ont déjà été développés et activement déployés en dix-huit mois. Il est donc convaincu de la grande valeur ajoutée. « Ce que nous ne pouvons pas pratiquer en opérationnel, nous pouvons le faire dans un environnement virtuel. Ce dernier rend possible les erreurs et permet d’en faire, un luxe que l’on ne peut pas se permettre en opérationnel. Nos employés sont quotidiennement confrontés à des situations potentiellement dangereuses. La sécurité doit être la priorité ultime pour chaque employé, chaque jour, pour chaque job. Avant de nous lancer dans la RV, nous avions des réunions de sécurité mensuelles, obligatoires dans le cadre du certificat VCA/SCO. Tous les incidents du mois précédent y sont discutés. Tous les événements, au mieux avec une photo. De nombreuses informations étaient perdues et des améliorations ont donc été recherchées. »

Mieux qu’en ‘real life’

Puis la RV est arrivée sur le marché. « Nous avons commencé à décrire toutes les situations possibles à l’aide de schémas et toutes les pannes potentielles ont été programmées. Les circonstances sont proches de la réalité. L’expérience nous absorbe entièrement. » Des centaines de collaborateurs ont déjà été formés avec, entre autres, un scénario électrique. « Au cours de ce dernier, un personnel obtient un permis pour mesurer un câble. Une erreur se glisse déjà dans les détails. Elle peut avoir d’énormes conséquences. Ensuite, les équipements de protection individuelle sont considérés. Si une erreur est faite, le scénario en aggrave son effet. Des dalles manquent au plancher informatique sur le lieu de travail. Ne pas les remplacer signifie tomber dans le trou. Ensuite, une mesure doit se faire dans un tableau électrique, il faut choisir les bons outils et débrancher le câble. Ce n’est qu’alors que le câble peut être mesuré. Si une étiquette ou un verrou manque, si le testeur n’est pas essayé dans une prise, ou s’il est fait usage d’une clé non isolée, vous provoquez un incident. Les formations durent environ trois quart d’heure et sont suivies par groupes de quatre. Une personne exécute l’exercice de RV tandis que les autres suivent les actions sur un écran. Les résultats sont discutés en groupes. »

L’investissement en vaut la peine

Bien que le développement soit fort coûteux, cela en vaut la peine, selon Wuyts. « Le résultat est difficile à estimer, mais nous pouvons simuler n’importe quelle situation. Y compris celles que nous ne pourrions jamais exécuter en réalité, car trop dangereuses. Nous pouvons nous former face à un nombre infini d’erreurs. En outre, chaque incident que nous évitons est un profit en soi. Tout accident évité est inchiffrable. Les applications en RV permettent de travailler de manière proactive. Les incidents chez les collègues sont repris dans notre formation pour les éviter chez nous. » Wuyts envisage une croissance future des cours de RV mais suivant une orientation plus technique. « Je pense, par exemple, à la recherche des défauts de câblage. Actuellement, nous devons construire des bancs d’essai pour cela et ils coûtent du temps et de l’argent. Dans la réalité virtuelle, les adaptations sont possibles à l’infini. Nous prévoyons une telle expansion d’ici deux ans », estime Wuyts.