IN THE FIELD  
Maintenance Magazine 149 – septembre 2020

Une maintenance efficiente ne laisse aucune chance à la légionnelle

L’année dernière, un foyer de légionellose a été découvert dans la zone du canal de Gand. L’enquête judiciaire doit en déterminer la cause. Cependant, une tour de refroidissement contaminée pourrait être une piste potentielle. Les tours de refroidissement humides, qui servent à refroidir un bâtiment ou un processus industriel, sont réglementées par le décret flamand sur la légionellose. D’après ce décret, la meilleure manière de prévenir une contamination par la légionellose est une maintenance efficiente, laquelle garantit aussi un rendement optimal, moins de perte de production et une plus grande fiabilité d’exploitation.

Valérie Couplez

Si la bactérie Legionella est plus commune, elle ne devient dangereuse pour la santé que si elle se multiplie. Son habitat idéal est une eau stagnante à une température variant entre 25 et 50 °C. D’autres facteurs qui stimulent le développement de la bactérie sont les sédiments (dans les chaudières, notamment), le biofilm (des canalisations d’eau avec peu ou pas d’écoulement), des algues et des protozoaires (tours de refroidissement). L’inhalation d’une concentration élevée de bactéries (des fines gouttelettes d’eau présentes dans l’air par nébulisation) peut entraîner des problèmes de santé. Les dangers potentiels associés à la multiplication rapide de la légionnelle sont à l’origine du décret flamand (4 mai 2007). Ce décret est consacré aux installations sanitaires mais il se réfère aussi aux tours de refroidissement et aux systèmes de climatisation avec traitement de l’humidité de l’air. En Wallonie et à Bruxelles, le cadre législatif se limite aux installations sanitaires dans les piscines. Cependant, toutes les régions sont soumises à la législation du travail. Les entreprises sont tenues d’identifier et de maîtriser les risques auxquels leurs travailleurs sont exposés. La gestion de la légionellose en fait partie.

Le pouvoir attractif des tours de refroidissement

En ce qui concerne les tours de refroidissement, le décret stipule qu’il faut les construire et les exploiter selon les meilleures techniques disponibles. Ces techniques sont résumées dans le document BBT Tours de refroidissement du VITO. Chaque tour doit être enregistrée auprès de l’Agentschap Zorg en Gezondheid flamande. Pour le foyer de légionellose mortel de la zone du canal de Gand, 844 tours étaient connues. Dans les mois qui suivirent, il y a eu 141 nouvelles notifications. Les exploitants doivent établir un plan de gestion et notifier les mesures réalisées dans un journal de bord. Il faut notamment prélever des échantillons d’eau et les tester. En cas de contamination à la légionellose, une désinfection s’impose. Qu’est-ce qui attire finalement cette bactérie dans les tours de refroidissement ? A l’instar des condenseurs évaporatifs, les tours créent une nébulisation d’eau qui se diffuse tel un brouillard. La plage de fonctionnement (entre 25°C et 50 °C) est à l’origine des contaminations biologiques et des dépôts anorganiques, et la présence de zones avec de la corrosion et une eau stagnante favorise le développement de la légionnelle.

Points d’attention lors d’une maintenance

Des études montrent que lorsqu’un problème de légionnelle est détecté dans une tour de refroidissement, cela provient généralement d’une défaillance dans le concept, l’utilisation (dosage des biocides) ou la gestion (maintenance en temps opportun). Une tour de refroidissement mal entretenue a jusqu’à cinquante fois plus de chance d’être contaminée. Une inspection régulière peut donc aider à éviter les problèmes. Vérifiez s’il n’y a pas de dommage ou d’encrassement, ainsi que la qualité de l’eau et les dépôts dans la tour de refroidissement. Selon son utilisation, la tour doit être nettoyée et désinfectée au moins une fois par an et lors d’une longue période d’inactivité. C’est aussi le moment idéal de réaliser une maintenance. Quels sont les principaux points auxquels il faut accorder de l’attention pour optimiser l’installation et la maintenance d’une tour de refroidissement ?

Ventilateur

Le ventilateur joue un rôle important dans la tour de refroidissement. Il brasse des grandes quantités d’air pour qu’une partie de l’eau en circulation s’évapore et génère le refroidissement requis. La température souhaitée de l’eau froide n’est pas toujours la même. Il est donc intéressant d’équiper le ventilateur d’un variateur de fréquence, si ce n’est déjà le cas. Le régime est adapté à la capacité de froid à réaliser, à la température ambiante et à l’humidité relative. Moins il y a de nébulisation, moins il y a de chances d’inhaler la bactérie Legionella. Vu l’importance de son fonctionnement, la surveillance conditionnelle du ventilateur est totalement pertinente. L’analyse vibratoire peut aider à identifier l’usure des roulements et un déséquilibre dans le ventilateur.

Surfaces de ruissellement

Dans une tour de refroidissement, les surfaces de ruissellement augmentent la surface de contact entre l’eau et l’air. Pour maintenir un refroidissement optimal et diminuer le risque de légionellose, aucun encrassement n’est toléré, ce qui est loin d’être une sinécure dans les environnements poussiéreux ou riches en pollen, ou lorsque l’eau de la tour est chargée. Choisissez votre tour de refroidissement en fonction de l’eau à refroidir, de sa composition et de l’environnement.

Dévésiculeur

Pour éviter que des gouttelettes ne s’échappent de la tour de refroidissement, une dévésiculeur est placé à la sortie d’air de la tour. Cela permet d’éviter des problèmes de santé dans l’environnement mais aussi de protéger les moteurs et le ventilateur d’une humidité excessive. Le dévésiculeur se trouve souvent dans la zone sèche. Veillez à ce qu’il n’y ait pas de développement de mousse ou autre encrassement et optez pour une version nettoyable.

Distribution de l’eau et qualité

L’eau joue un rôle crucial dans le fonctionnement d’une tour de refroidissement. Tout d’abord, il faut veiller à une bonne distribution. Si ce n’est pas le cas, cela risque d’augmenter l’encrassement et le vieillissement des surfaces de ruissellement. Deuxièmement, il faut rester attentif à la qualité de l’eau. La présence de biocides aide à limiter le développement de la légionnelle. Les analyses chimiques assurent un suivi périodique du traitement de l’eau. Pour le chlore par exemple, la valeur de pH a son importance. Assurez-vous que les biocides sélectionnés soient aussi compatibles avec la tour de refroidissement. Enfin, il faut accorder de l’attention à l’épaississement des matières solides dû à l’évaporation de l’eau. En cas d’épaississement, il faut drainer une partie de l’eau avant de rajouter de l’eau fraîche. La composition de l’eau d’appoint est déterminante pour la consommation d’eau.