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Maintenance Magazine 149 – septembre 2020
“Une propre équipe de pompiers à part entière est mieux entraînée”
Tom De Coster : « Un double engagement, au niveau local et au sein des pompiers de l’entreprise, est une situation gagnant-gagnant pour l’entreprise et la zone de secours. » (Photo Evonik).
Guy Vermeiren : « L’externalisation de la lutte incendie coûte très cher. » (Photo Janssen Pharmaceutica).
Les pompiers d’entreprise de la société Evonik en action lors d’une formation. (Photo Evonik)
Les pompiers d’entreprise de la société Janssen Pharmaceutica s’entraîne régulièrement, notamment sur la Maasvlakte à Rotterdam. (Photo Janssen Pharmaceutica)
La tâche principale de l’équipe de pompiers à Doel consiste à prévenir les incendies en effectuant des tournées d’inspection et des tests de mise en alerte des installations et du matériel (Photo Engie Electrabel).
Malgré toutes les règles et normes de sécurité incendie, les embrasements dans les environnements industriels font encore souvent la une. Maintenance Magazine présente pour cette raison un dossier sur la sécurité incendie. Dans la première partie, nous abordons les matériaux coupe-feu. Dans cette édition-ci, nous présentons les avantages et les inconvénients d’un service pompiers interne et la manière dont le personnel et le matériel doivent être maintenus en état d’alerte et de préparation.
“En Belgique, il n’y a aucune obligation légale relative à un service pompier interne”, explique Erwin Laroy d’Engie Electrabel, responsable de la sécurité incendie de la centrale nucléaire de Doel. “Cependant, les entreprises doivent bien répondre à des exigences spécifiques relatives aux compétences du personnel dans les domaines des interventions et de la prévention des incendies. C’est pourquoi Electrabel a opté en 2014 pour une équipe de pompiers d’entreprise à part entière. Initialement, le personnel était sous-traité, mais depuis cette année, elle se compose entièrement d’une quarantaine d’employés d’Engie travaillant dans un système continu à six équipes. Cela signifie qu’une équipe d’intervention propre de cinq personnes est présente en permanence sur le site.”
Le fait est unique en Belgique
Une équipe de pompiers comme celle de Doel est exceptionnelle dans la zone portuaire d’Anvers et même dans toute la Belgique. “Seules les plus grandes entreprises de Belgique ont développé une brigade de pompiers interne entièrement professionnelle”, explique Tom De Coster, chef des pompiers de la société chimique Evonik à Anvers. “La législation dans ce domaine est assez vague. Mais cela a du sens pour les entreprises Seveso pour plusieurs raisons. Cela peut ainsi avoir un impact significatif sur les primes d’assurance redevables. Les compagnies d’assurance sont parfois plus exigeantes que le législateur. Ce dernier est plus enclin à se concentrer sur les mesures de prévention telles que les sprinklers, les extincteurs automatiques et la détection étendue.”
Pompiers volontaires et à plein temps
Dans la plupart des cas, une équipe interne de pompiers est composée de personnel d’exploitation (en équipe), éventuellement complétée par du personnel de gardiennage. Jusqu’en 2014, la centrale nucléaire de Doel avec ses quatre réacteurs nucléaires était globalement organisée de cette manière. “Après l’accident nucléaire de Fukushima, nous avons décidé de former une équipe de pompiers professionnels à part entière”, explique Laroy. “Compte tenu de la complexité des installations nucléaires et électriques et des risques associés, il était indiqué de disposer de notre propre équipe de pompiers professionnels. Heureusement, le nombre d’interventions (incendie) reste très limité. La tâche principale de notre équipe de pompiers consiste à prévenir les incendies, en effectuant des tournées d’inspection et des tests de mise en alerte des installations et du matériel. De plus, elle soutient d’autres départements, par exemple pour nettoyer les fuites de produits aux propriétés dangereuses.”
Profiter de l’expérience sécuritaire
Janssen Pharmaceutica célèbre en 2020 le cinquantième anniversaire de ses pompiers d’entreprise à Beerse. Guy Vermeiren, responsable de la prévention incendie et des plans d’urgence chez Janssen Pharmaceutica : “Notre équipe est composée d’une trentaine de bénévoles qui peuvent être sollicités. Notre site de Geel a un cadre identique, avec une quarantaine de bénévoles. D’autres sites sont beaucoup plus petits et n’ont pas d’équipe incendie interne. C’est l’organisation facilitaire du site qui gère les interventions.” Selon Vermeiren, l’un des grands avantages d’intégrer des bénévoles est qu’ils apportent leur expérience sécuritaire à leur département. Simultanément, au cours des entraînements, ils s’entretiennent entre-eux et s’entraînent en fonction des risques de leur département. “Une pollinisation croisée s’en suit. Ce serait impossible avec seulement des pompiers externes.”
Un grand avantage d’intégrer des bénévoles est qu’au cours de leurs entraînements, ils s’entretiennent et s’entraînent en relation avec les risques de leur département.
Externalisation
Vermeiren n’est pas un partisan de l’externalisation de la lutte incendie. Il l’est par contre pour les services d’appui tels que le contrôle des systèmes d’extinction et le nettoyage des masques. “L’externalisation de la lutte contre les incendies est fort coûteuse. Nous disposons depuis le début des opérations de notre propre équipement. Incluant un camion de pompiers, une voiture d’intervention, une voiture de commandement et une ambulance. Un fournisseur tiers devrait être disposé à reprendre ce matériel. En outre, il ne suffit pas de payer des tiers pour les interventions, mais également pour être présent dans l’entreprise 24h/24 et 7j/7. Nos bénévoles sont disponibles 24h/24 et 7j/7 et ne sont payés que pour les interventions et les exercices. En plus des exercices internes, nous nous entraînons extra muros. Comme lors de la session pratique annuelle de deux jours dans la zone portuaire de Rotterdam. De Coster plaide également pour une brigade de pompiers interne. “Avec les externes, l’on a aucun contrôle sur le roulement du personnel. Il vaut mieux coordonner l’entraînement et la formation continue de ses propres pompiers en relation avec les produits et process internes.”
Collaboration avec les pompiers publics
“Une équipe de pompiers à part entière est mieux formée qu’une équipe de pompiers semi-professionnelle, comme nous l’avions auparavant”, explique Laroy. “De plus, la caserne des pompiers de la municipalité de Beveren-Waas est relativement éloignée de la centrale nucléaire. Cela signifie que nous devons en première instance être en mesure de mener les interventions de manière indépendante. Nos collègues de Tihange ont un service d’incendie plus restreint, car le service d’incendie public de Huy est situé de l’autre côté de la route. La condition de cette approche est que les sapeurs-pompiers publics doivent suffisamment s’entraîner dans les installations de la centrale nucléaire.” Avant de pouvoir être déployés à Doel, les pompiers d’Engie suivent un programme de formation exhaustif. “Ils abordent la théorie et la pratique des techniques de prévention et d’intervention incendie – l’extinction des incendies intérieurs et extérieurs, le sauvetage des victimes et comment appréhender les produits dangereux. Par la suite, les pompiers candidats doivent réussir un test suivi par une habilitation officielle. Après, ils ne peuvent conserver cette dernière qu’en suivant des drills annuels, des exercices d’incendie et d’autres formations de rappel.”
Belintra : système d’intervention national
Les services d’incendie d’Evonik sont affiliés à Belintra, un système national d’intervention pour les accidents impliquant des produits chimiques. “Les différentes entreprises chimiques d’Anvers sont similaires, mais aussi très différentes entre-elles. Elles se spécialisent dans certains produits. Elles disposent d’informations détaillées sur leurs propres produits, sur les spécialistes produits et sur les équipes d’intervention. Ils peuvent les mettre à disposition de tiers en cas d’incident. Via Belintra, ils peuvent également requérir et proposer des infrastructures spécifiques pour les interventions. Un exemple de déploiement par Belintra d’un service d’incendie d’entreprise spécialisé en dehors de sa propre entreprise est la catastrophe ferroviaire d’il y a plusieurs années à Wetteren.”
Passion
Tant chez Evonik que chez Engie Electrabel et Janssen, de nombreux membres des pompiers de l’entreprise font partie d’un corps de bénévoles municipaux de la région. La demande d’intervention est coordonnée de telle manière que, si le déploiement conjoint des pompiers locaux et de l’entreprise est nécessaire, elle ne peut pas être comptée deux fois. “Nous encourageons fortement ce double engagement”, déclare De Coster. “Il s’agit d’une situation gagnant-gagnant pour l’entreprise et la zone de secours. Et de cette façon, leur formation est quasiment doublée”, souligne Vermeiren. Les deux chefs de police sont également eux-mêmes concernés.
