ENERGIE  
Maintenance Magazine 163 – mars 2024

Accélérer la transition énergétique dans l’industrie

Produire de manière verte, intelligente et équitable est un must pour une utilisation plus efficace de l’énergie d’ici 2030, comme le prescrit l’Europe. D’ici là, l’industrie manufacturière doit augmenter son efficacité énergétique de 32,5%. La question est de savoir comment la maintenance et la gestion des actifs peuvent contribuer à la réalisation de cet objectif. Le projet Interreg MORE4Sustainability veut aider les entreprises du nord-ouest de l’Europe.

L’industrie au nord-ouest de l’Europe arrive en tête en matière de consommation de combustibles fossiles. La région est amenée à faire des efforts pour atteindre les objectifs européens. Mainnovation, partenaire de la connaissance et bureau d’études expérimenté, dirige la réalisation d’une grande partie de l’étude de marché au sein du projet MORE4Sustainability pour aider les entreprises dans la transition énergétique. « Atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 est un défi. La transition énergétique est trop lente dans l’industrie manufacturière et il faut rattraper le retard. Pour les usines, c’est un processus plus vaste que de transformer une installation qui fonctionne depuis des décennies pour la rendre plus durable. Les entreprises ne sont pas aussi agiles que les particuliers qui peuvent plus facilement s’engager dans la voie durable avec des panneaux solaires et des voitures électriques. Nous nous demandons depuis un certain temps comment la maintenance peut contribuer à la durabilisation de l’industrie », déclare Mark Haarman de Mainnovation. « Avec la BEMAS, l’Association belge de la maintenance, et d’autres associations aux Pays-Bas, en Allemagne et en France, nous travaillons à l’échelle transnationale. »

Concept et partenaires

Le programme Interreg 2021-2027 est déjà en cours au sein de l’Union européenne pour promouvoir une transition énergétique verte, intelligente et équitable dans le nord-ouest de l’Europe. Il soutient des projets qui stimulent une société climatiquement neutre, efficace sur le plan énergétique et durable.

MORE4Sustainability s’inscrit dans ce cadre et bénéficie d’une subvention de 344.238 euros. Le projet s’étend jusqu’en avril 2025. À cet égard, plusieurs partenaires travaillent ensemble depuis décembre dernier. Le consortium est dirigé par la BEMAS et fonctionne avec Mainnovation et les partenaires internationaux suivants : la Vereniging voor Doelmatig Onderhoud (NVDO) néerlandaise, l’organisation allemande à but non lucratif Forum Vision Instandhaltung e.V. (FVI) et le pôle de compétitivité européen dédié aux technologies avancées de production en Pays de la Loire et en Bretagne en France (EMC2).

Une étude comparative unique

« MORE4Sustainability est un projet en deux parties », explique Haarman. « Il démarre par une étude comparative unique auprès de plus de 200 entreprises en Belgique, aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. L’industrie manufacturière de ces pays représente plus de 80% de l’industrie dans la région de l’Europe du nord-ouest. Nous incluons diverses branches de l’industrie: le pétrole et la chimie, l’acier, l’alimentaire et les boissons, les biosciences, le papier et la pâte à papier, l’automobile, l’électronique de produits de consommation, l’aérospatiale et les technologies de production avancées. Nous visons 50 entreprises par pays. En retour, les entreprises participantes reçoivent un rapport de référence personnalisé. Cela devrait les encourager à s’impliquer et à nous fournir des perspectives précieuses. »

Feuille de route du programme de formation

Les résultats de l’étude comparative constituent la base d’une feuille de route. C’est la seconde partie du projet. « À partir de la feuille de route, nous développons un programme de formation en quatre langues pour la gestion durable des actifs. La formation du personnel de maintenance et de la gestion des actifs au développement durable est la principale activité de MORE4Sustainability. La feuille de route est suivie de l’implémentation de la formation auprès du management technique, actif dans les industries à forte intensité d’actifs. L’objectif est d’organiser des formations en classe dans chaque pays participant à partir de janvier 2025. En parallèle, nous lancerons une formation en ligne. »

Connaissances techniques

Haarman explique que les partenaires des quatre pays participants partagent la conviction que la maintenance et la gestion des actifs jouent un rôle important dans l’amélioration des performances de durabilité des activités industrielles en Europe. « Les décideurs techniques jouent un rôle clé dans la détermination des performances des actifs en termes d’énergie et d’émissions. Leurs connaissances techniques sont essentielles pour identifier et implémenter des améliorations pertinentes en durabilité et performance énergétique. Il est essentiel de les sensibiliser à cette question, d’une part, et de leur proposer des connaissances et des méthodes ainsi qu’un outil d’auto-évaluation avec lesquels ils peuvent commencer à travailler, d’autre part. »

Meilleures pratiques

L’étude comparative devrait être achevée d’ici l’été prochain. « Nous développons un cadre qui a été validé par quatre professeurs en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France. Nous espérons découvrir comment les entreprises travaillent déjà de manière efficace sur le plan énergétique et émettent moins de CO2. Qu’ont-elles déjà fait et quels sont les résultats? Ce projet devrait fournir un ensemble de bonnes pratiques dont d’autres entreprises pourront s’inspirer. Nous connaissons déjà un certain nombre de pratiques de gestion durable des actifs : isolation des équipements, éclairage économe en énergie, HVAC à haut rendement, électrification des actifs, surveillance conditionnelle, maintenance préventive, captage de la chaleur résiduelle et système de gestion de l’énergie. Malgré ce potentiel, seules quelques entreprises du nord-ouest de l’Europe ont adopté une gestion durable des actifs. »

Créer une base de soutien

Mainnovation réalise chaque année des études de marché pour aider les entreprises à professionnaliser leurs services de maintenance. « En tant que bureau d’étude, nous voulons être à l’avant-garde dans ce domaine. Nous constatons que les entreprises accordent davantage d’attention à la durabilité. Nous espérons qu’elles accepteront de participer à l’étude. Notre priorité n’est pas tant le nombre d’entreprises participantes que la création d’une base de soutien la plus large possible, qui ne fera que renforcer la crédibilité de la feuille de route. »

par Elke Lamens