IN THE FIELD  
Maintenance Magazine 147 – mars 2020

Des inspections et une maintenance minutieuses sont essentielles

Malgré les normes et les règles de sécurité, les incendies dans des environnements industriels alimentent régulièrement les médias. Les producteurs réagissent et lancent des produits ignifuges novateurs sur le marché. Ils répondent aussi et surtout aux dernières obligations légales et aux demandes spécifiques du marché. Cependant, l’optimisation d’une sécurité incendie exige aussi une culture d’entreprise efficace.

Par Koen Mortelmans

Les normes légales déterminent notamment la durée durant laquelle la structure d’un bâtiment, d’une zone ou d’un compartiment doit pouvoir résister aux températures élevées. Ces normes font l’objet d’actualisations. « La première chose est d’éviter les sources d’inflammation. Si un incendie se produit malgré tout, il ne doit pas s’étendre. La réglementation dans le secteur de la construction prévoit la limitation de la propagation de l’incendie pour permettre l’évacuation et l’action des pompiers. La réglementation publique s’arrête souvent là. Des systèmes d’extinction supplémentaires actifs (extincteurs manuels, sprinklers, systèmes de désenfumage) et passifs (compartimentage, protection de la structure portante) peuvent s’avérer utiles. Lorsqu’il n’y a pas de mesures actives ou qu’elles ne sont pas satisfaisantes, la sécurité passive doit veiller à isoler le foyer d’incendie », explique Marco Antonelli, training manager chez Promat.

Flash-over

« Si un incendie se déclare sans être remarqué, il atteindra à un moment donné la phase flash-over ou embrasement généralisé éclair. Tous les matériaux inflammables du compartiment s’embrasent simultanément, ce qui génère des températures allant de 550 à 600°C. Si l’incendie s’étend, la qualité de la sécurité passive joue alors un rôle crucial: la qualité de la structure portante du bâtiment, la qualité du compartimentage et la qualité du système d’évacuation des gaz de combustion via des conduites résistantes au feu ou ducting. La sécurité structurelle veille à ce que la structure portante en acier ou en béton du bâtiment ne cède pas. Sur des photos d’incendies violents, on peut apercevoir la ferme en acier souvent totalement déformée. C’est le moment où le bâtiment s’effondre : la structure n’est pas correctement protégée contre la chaleur et l’acier devient élastique. Néanmoins, des produits efficaces permettent de neutraliser cela comme des mortiers de projection, des peintures résistantes au feu et intumescentes et des plaques en silicates de calcium. »

Compartimentage

Le compartimentage veille à ce l’incendie ne se propage pas à d’autres espaces. « Lors du compartimentage d’un bâtiment, l’architecte ou l’ingénieur estime, avec notre aide, la durée de résistance aux températures élevées de chaque pièce. Les murs, le revêtement de sol et le plafond sont ensuite équipés en conséquence de solutions ignifuges. Les traversées de conduites sont réalisées dans des matériaux ignifuges pour étanchéiser les fentes ou orifices. Le foyer de l’incendie reste alors limité à un espace. L’avantage d’une sécurité incendie passive est qu’elle ne demande aucune intervention humaine et peu de maintenance. Nous proposons des matériaux d’une durabilité d’au moins 25 ans, une durée maximale selon la norme européenne. Cela signifie qu’il faut prévoir une maintenance basique après 25 ans. Un contrôle visuel du responsable de maintenance qui vérifie si les orifices ou les perçages dans le mur sont par exemple réalisés avec des matériaux ignifuges suffit. Si des réparations s’avèrent utiles, il faut toujours utiliser les matériaux originaux », poursuit Marco Antonelli.

Conscientisation et sensibilisation

« Malgré les mesures préventives, des incendies peuvent survenir à tout moment et en tout lieu », continue Hans Beele, fondateur et administrateur de Beele Engineering, le fournisseur de solutions d’étanchéité et de sécurité incendie. « Dans l’industrie, le grand danger vient des travailleurs qui pensent qu’un incendie ne se produira jamais sur leur site. La conscientisation, la sensibilisation et la surveillance sont les principales mesures pour limiter cette indifférence. »

Cheminée

Hans Beele veut aussi qu’on accorde de l’attention à l’humidité et à la corrosion. « On l’oublie souvent et cela peut avoir de grandes conséquences. Une traversée de conduite qui corrode à l’intérieur et dont le système ignifuge est défaillant peut faire office de cheminée lors d’un incendie. N’oubliez pas non plus les fumées qui font énormément de victimes. La résistance au feu et la densité des fumées sont indissociables. Dans le cas d’installations industrielles qui durent des décennies, il est important d’utiliser des matériaux ignifuges qui rempliront leurs fonctions durant ces années. Un de nos produits a par exemple été analysé au rayonnement gamma pour une application dans les centrales nucléaires. Ce matériau a une durée de vie de quatre-vingt ans, bien plus que la durée de vie prévue d’une centrale nucléaire. Une sécurité incendie à 100% n’existe pas et ne sera probablement jamais une réalité, mais en déployant les connaissances utiles au développement, à la production et les conseils, des mesures peuvent être prises dans la bonne direction. Cela va plus loin que les matériaux et les produits. Voilà pourquoi nous avons créé le centre de connaissances Sealing Valley. »

Formation

Sliman Azougagh, technical sales manager de Mulcol International, le fabricant de produits coupe-feu passifs, souligne l’importance d’un montage professionnel. « Les produits ne fonctionnent correctement que s’ils sont appliqués correctement. Nous organisons régulièrement des formations pour les entreprises d’installation et autres parties qui travaillent avec nos produits et nos outils. » Ces formations répondent aussi à la rotation du personnel dans le secteur de l’installation.

Journal de bord

En principe, les entreprises doivent tenir un journal de bord des travaux effectués. L’installateur de la solution de sécurité incendie peut s’y baser pour réaliser les adaptations. « Les nouvelles traversées de conduites sont-elles assez étanches ? Les câbles et les manchons sont-ils encore au bon endroit ? Certaines entreprises, surtout celles qui ont un facility manager, suivent cela de près. En général, on peut faire du profit dans ce domaine. La maintenance de produits ignifuges dépend fortement du matériau », explique Hans Beele. « Nous nous sommes toujours consacrés au développement de produits exempts d’entretien. Nous essayons d’éviter que le manque de maintenance n’ait pas de conséquences catastrophiques. Mais finalement, tous les matériaux brûleront lors d’un incendie. L’art consiste à appliquer les limites physiques de manière à retenir l’incendie pendant un laps de temps pour évacuer les personnes et permettre aux secouristes de faire leur travail. »

Oser investir

« Les règles légales ne sont pas compliquées et les produits sont faciles à acheter et à mettre en oeuvre », fait remarquer Kris Vermeiren, CEO de Thiers Horizon. « Lors d’une rénovation d’un vieux bâtiment, prévoir une résistance au feu de 2 voire 4 heures n’a rien de compliqué. Mais les matériaux appropriés comme nos plâtres sont plus chers que le gypse. Ce surcoût en effraie plus d’un. Les sociétés immobilières qui rénovent les bâtiments pour les louer ensuite durant plusieurs années et les entreprises qui ont une vision à long terme montrent heureusement le bon exemple. »

Vous avez lu la première partie de notre dossier consacré à la sécurité incendie. Dans les prochaines éditions, nous nous pencherons sur la nécessité d’un service d’incendie en entreprise et la maintenance des systèmes d’extinction.

Nofirno Cer

Beele Engineering a développé Nofirno Cer récemment, un matériau dont la résistance au feu est d’au moins 10 heures. Il s’agit d’un type de caoutchouc qui devient céramique lors d’un incendie. « C’est aussi important que le développement de fumées », explique Hans Beele. Nofirno Cer est adapté à l’étanchéisation des traversées de câbles et de tuyaux dans les murs, les sols ou les panneaux sandwich, les clapets coupe-feu, les joints et les fentes, les remparts étanches aux liquides et les traversées de conduites pouvant être exposées à des pressions élevées soudaines (explosions).

Promastop-FC MD

Promat a lancé le manchon résistant au feu Promastop-FC MD après trois ans de recherche intensive. Il se compose d’un collier en acier inoxydable rempli d’un produit foisonnant à base de graphite. En cas d’élévation de la température, le produit foisonnant forme une mousse qui sectionne la conduite en matière synthétique. Le manchon disponible en rouleaux peut être découpé à la bonne taille. Il a été testé dans différentes constructions jusqu’à 120 minutes.

Thor Duct, le conduit d’aération résistant au feu

Pure-Air s’allie à l’entreprise irlandaise Thor Duct pour produire et installer en Belgique des nouvelles conduites d’aération en acier galvanisé résistantes au feu. La plupart des tests de résistance au feu, dans le cadre des normes européennes, ont été réalisés par Warringtonfire à Gand. « Ces conduites sont livrées prêtes à l’emploi sur le chantier, le placement ne génère donc aucun désagrément ni poussières, une approche qui fait gagner du temps », explique Thierry Pfleiderer. « Ces conduites sont parfaitement adaptées à la ventilation et à l’évacuation des fumées et de la chaleur dans les cuisines du fait qu’il n’est pas possible de travailler avec du contreplaqué ignifuge suite à l’accumulation de la graisse. Des trappes d’inspection sont prévues dans les conduites pour le nettoyage périodique. »